Prix Littéraire de l'Imaginaire Booksphere - Édition 2023



Une lecture qui avait du potentiel, mais dont je me suis désintéressée au fil des pages

Par leprochainchapitre_mai

Le 5/07/2022 à 19:04

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Un roman qui m’a plu par son univers bien pensé, mais dont je me suis malheureusement petit à petit lassée au fil de ma lecture.
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Je dois vous avouer que j’avais peur de lire ce roman au tout début car soit les avis étaient dithyrambiques et ce roman était un réel coup de cœur, soit les avis étaient à l’inverse et ce roman était une déception… Eh bien, pour ma part, je suis mitigée.

Ce roman est dense et nous suivons notre protagoniste Nayla, dans toute son évolution, d’une fille d’un village reculée à une diplomate guerrière. Il m’aura fallu une centaine de pages avant d’entrer dans l’ambiance mystérieuse de l’histoire et de me laisser emporter par la plume de l’autrice. J’adhère bien à son style d’écriture. J’y ai découvert un style fluide et poétique dans les descriptions de l’univers et des personnages. Il y avait quelques déséquilibres au niveau du rythme, certains moments trop longs, d’autres trop courts, mais quand je me suis plongée dans le récit, je n’ai pas vu le temps passé. J’ai beaucoup aimé la mythologie créée par l’autrice. J’admire son imaginaire et les extraits de légendes en début de partie m’enchantaient. J’ai également bien apprécié cet ordre de femmes, les Corbeaux, qui ont un certain pouvoir au côté de la royauté dans le vaste royaume de Cnàimh. À travers cet ordre, l’autrice transmet des idées féministes, notamment sur l’indépendance et l’identité de la femme.

Néanmoins, si ces derniers éléments démontrent que j’ai apprécié ma lecture, d’autres points sont venus ternir mon ressenti. Pour tout vous avouer, j’ai à plusieurs reprises failli arrêté ma lecture. J’ai eu du mal avec le côté féministe du récit car, en fait, j’ai trouvé qu’il y avait des moments qui venaient contredire ce concept. Dès le début du récit et tout du long, nous avons un aperçu (détaillé) des rituels de passage et d’élévation de l’ordre des Corbeaux. Les scènes sont crues et les descriptions m’ont donné des haut-le-cœurs. La première scène du roman, je l’ai vu comme du viol, voire pédophilie (sans spoil car c’est la première page). Alors, peut-être y étais-je trop sensible oui. Certainement. Ce genre de scènes, que ce soit dans mes lectures et dans la vraie vie, ne me laisse pas indifférente. Pour le reste de l’histoire, j’ai trouvé qu’il y avait un rapport au corps, que je qualifierais de malsain. Je veux bien croire que la femme, tout comme l’homme, peut utiliser son corps comme une arme ou un moyen de pression pour évoluer, avancer dans une quête, etc… Mais je veux croire que la femme peut utiliser autre chose que son physique aussi ! Son intellect, sa débrouillardise par exemple… Pendant ma lecture, j’ai ressenti une emphase qui a été mise sur le corps de la femme comme « outil », ce qui m’a mise mal à l’aise, et on parlait moins des réflexions de Nayla, de sa logique, par exemple, en mettant une ellipse faisant sauter tout l’apprentissage de la jeune fille qui l’aide à devenir une Corbeau.

Bref, j’ai beaucoup parlé de ce qui m’a dérangé, mais finalement, même plusieurs jours après ma lecture, ces éléments me dérangent encore. Et c’est ça qui a fait que je me suis décrochée du récit au fil des pages. Alors que j’avais accroché à la première moitié du roman, j’ai lu de loin le reste. C’était chouette et intéressant. J’ai bien apprécié les différents personnages que l’on croise, notamment Bromn dont l’humanité et la bienveillance m’ont touché.

Ce roman, pour un premier roman, a du potentiel et je sais qu’il a eu des lecteurs. Mais personnellement, j’en ressors mitigée et je voulais prendre le temps d’expliquer pourquoi.

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